Une France coupée en 3, et maintenant ?

Aucune des trois principales formations politiques - le Nouveau Front Populaire, Ensemble et le RN - ne dispose aujourd’hui d’une majorité suffisante pour gouverner le pays.

Malgré sa victoire aux élections européennes et le fait d’être arrivé en tête au premier tour des élections législatives trois semaines plus tard, le RN ne parvient pas à transformer l’essai et reste prisonnier de son plafond de verre comme du front républicain, matérialisé notamment par quelques 230 désistements de candidats entre les deux tours et des alliances parfois contre-nature entre les Insoumis et les Macronistes. Les résultats démontrent que le front républicain contre le RN a encore fonctionné.

Arrivé en tête au second tour des législatives, le NFP, contrairement à ce qu’annonce de façon tonitruante Jean-Luc Mélenchon, demeure une alliance hétéroclite et difficilement viable. L’union de la gauche ne dispose pas non plus d’une quelconque majorité à l’Assemblée.

Quant à la « majorité » présidentielle, qui a résisté mieux que prévu au RN, elle apparaît considérablement affaiblie par les résultats du scrutin, perdant au passage une centaine de députés et la majorité relative. Elle ne pourra ainsi gouverner seule.

Ce résultat ouvre la voie à une grande incertitude, voire au chaos, exposant la France à des risques importants notamment en matière de crédibilité internationale, à trois semaines des Jeux de Paris.

Quel gouvernement ?

Selon l’article 8 de la Constitution, le Président de la République nomme le Premier ministre. Néanmoins, aucun délai ou calendrier n’est imposé, ni pour demander au gouvernement en place de démissionner ni pour en nommer un nouveau.

Gabriel Attal a proposé sa démission lundi matin. En effet, il est d’usage que le Premier ministre soit issu du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. Toutefois, Emmanuel Macron l’a refusée en lui demandant de rester « pour le moment » afin d’« assurer la stabilité du pays ».

Nous avons identifié deux options pour la constitution du prochain gouvernement :

Les forces centrales, composées de partis aussi différents que les LR, le PS, les Ecologistes ou encore Renaissance, ont désormais une responsabilité forte : trouver un accord afin de stabiliser la situation politique, en attendant de pouvoir construire dans quelques mois un projet cohérent et ambitieux.

Si les équilibres politiques ont changé, force est de constater une certaine stabilité : en effet, plus de 70% des députés sortants ont été réélus. Les commissions les mieux reconduites sont celles des affaires économiques et des affaires sociales (respectivement 55 et 54 députés réélus sur 73). La commission des finances perd 33 députés mais les principaux groupes y conservent leurs experts (Cazeneuve, de Courson, Louwagie…). Le PLF devrait donc pouvoir être examiné sur le plan technique.

Le gouvernement technique a été un succès en Italie. Les gouvernements (Monti en 2011 puis Draghi en 2021, faute d’un accord entre Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles) ont en effet permis de réelles réformes (retraites, Covid, relance de l’économie, etc.) avec l’aide de l’Union européenne. Rappelons qu’aux élections qui ont suivi la nomination de Mario Draghi, Georgia Meloni a remporté les législatives.

Nous sommes dans un moment de suspension du temps qui intervient alors que la France accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques le 26 juillet. Le chef de l’État pourrait notamment déroger à la règle usuelle en maintenant l’équipe actuelle, car la nomination du Premier ministre est un pouvoir discrétionnaire du Président de la République.

Or, dès le 20 juillet, une motion de censure pourrait faire tomber le gouvernement Attal actuel, réunissant, a minima, les voix du RN et du Nouveau Front Populaire. Pour être adoptée dans les deux cas de figure (spontanée ou provoquée), la motion de censure requiert l’approbation de la majorité absolue soit 289 députés.

L’esprit de la Constitution veut que le Président de la République se tourne vers la formation arrivée en tête aux législatives. Le Nouveau Front Populaire devrait donc être la première formation consultée pour composer un gouvernement. Jean-Luc Mélenchon multiplie les déclarations s’auto-désignant comme le candidat naturel à Matignon.

Alors que Gabriel Attal appelle de ses vœux une « Assemblée nationale plurielle », le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, plaide pour un « gouvernement de sursaut national » et François Bayrou pour un « gouvernement d’entente républicaine ». Toutefois, de nombreuses personnalités comme Edouard Philippe, maire du Havre, et Gérald Darmanin fustigent l’idée de gouverner avec LFI, en préférant une union avec toutes les forces de la droite, du centre et les autres forces de gauche.

Matignon a prévenu les directeurs de cabinet des différents ministres qu’ils devaient se préparer à gérer les affaires courantes pour une période qui pourrait s’avérer bien plus longue que prévue.

Le Président de la République aurait déjà en tête de dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale dans un an, courant décembre 2025, en amont des municipales de 2026. En effet, l’article 12 de la Constitution stipule qu’il ne peut y avoir de nouvelle dissolution avant un délai d’un an.

Alors que Gabriel Attal appelle de ses vœux une « Assemblée nationale plurielle », le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, plaide pour un « gouvernement de sursaut national » et François Bayrou pour un « gouvernement d’entente républicaine ». Toutefois, de nombreuses personnalités comme Edouard Philippe, maire du Havre, et Gérald Darmanin fustigent l’idée de gouverner avec LFI, en préférant une union avec toutes les forces de la droite, du centre et les autres forces de gauche.

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