Gouvernement Barnier : notre analyse

I. Un gouvernement de droite composé d'élus avec une véritable expérience de la politique

Le gouvernement de Michel Barnier, dont la composition a été annoncée samedi 21 septembre, est un gouvernement nettement orienté à droite, ce qui semble logique à la suite de l’accord passé entre les formations de la majorité présidentielle et des Républicains. Ainsi, il s’agit bien d’un gouvernement d’alliance entre le bloc présidentiel et LR. Outre le Premier ministre, le gouvernement compte 39 membres, 20 femmes et 19 hommes, ce qui aboutit à une parité parfaite en comptant le Premier ministre. Si le gouvernement compte 20 femmes, aucune n’occupe cependant un poste dit régalien, même si des dossiers particulièrement sensibles ont été confiés à des femmes et que Catherine Vautrin arrive 2ème dans l’ordre protocolaire. L’Ile-de-France demeure la région la plus représentée parmi les membres du gouvernement, suivie de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un seul membre du gouvernement est issu de la gauche, Didier Migaud, ancien député (PS) de l’Isère, ancien président de la commission des Finances, ancien président de la Cour des comptes et président de la HATVP. Le gouvernement Barnier compte 36 élus sur 39 membres. De fait, seule Clara Chappaz, secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, n’est pas élue et ne s’est jamais présentée à une élection.
Ce sont au total 12 membres du gouvernement qui appartiennent à LR. La majorité présidentielle compte quant à elle 18 représentants, 13 appartenant à Renaissance, 3 au MoDem et 2 à Horizons, tandis que l’UDI, qui a rejoint la majorité présidentielle plus récemment, compte une ministre de plein exercice et 2 ministres délégués. Le Parti radical a une représentante. Si certains ministres disposent d’un réel poids politique, la jeunesse de certains ministres, à l’image d’Antoine Armand, pourrait constituer un handicap, comme en témoigne le dernier recadrage du Premier ministre à son endroit pour éviter une crispation du RN (et donc une motion de censure).

II. Les innovations

  • L’Industrie demeure au sein du ministère de l’Economie et des Finances alors que le Commerce extérieur est rattaché au Quai d’Orsay.
  • Le Numérique et l’Intelligence Artificielle sont rattachés à l’Enseignement supérieur et non plus à Bercy, même si une double tutelle pourrait intervenir dans les prochains mois.
  • L’Education nationale et l’Enseignement supérieur demeurent autonomes.
  • Enfin, l’ordre protocolaire a été modifié. C’est désormais le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Didier Migaud, qui occupe le premier rang, suivi par Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation, du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de la ministre de l’Education nationale, Anne Genevet, du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Viennent ensuite Rachida Dati, ministre de la Culture et du Patrimoine, qui occupe le 6ème rang, devant le ministre des Armées et des Anciens Combattants, Sébastien Lecornu.

Le gouvernement Barnier présente des innovations qu’il convient de souligner :

  • Le rattachement du Budget et des Outre-Mer à Matignon ainsi que la création d’un ministère du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation, qui devrait bénéficier de larges compétences, constituent les principales innovations du gouvernement Barnier.
  • La création d’un ministère dédié à la coordination gouvernementale : alors que cette mission est habituellement confiée au directeur de cabinet du Premier ministre, Michel Barnier a préféré compter sur une fidèle de longue date, Marie-Claire Carrère-Gée, afin de l’aider à lisser et coordonner politiquement et administrativement l’action des ministères.
  • Le Logement est de nouveau autonome.
  • Le ministère de l’Intérieur est plus spécifiquement chargé des questions de sécurité pour répondre à l’inquiétude des Français.
  • Le secteur social est éclaté en trois portefeuilles : Santé, Solidarités et Travail. Alors que Catherine Vautrin était, dans le précédent gouvernement, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, le secteur social voit encore sa structure modifiée. La Santé est en effet confiée à Geneviève Darrieussecq qui devient ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, tandis que Paul Christophe est ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Il aura à ses côtés une ministre chargée de la Famille et de la Petite enfance, Agnès Canayer, et une secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa. Astrid Panosyan-Bouvet récupère le ministère du Travail et de l’Emploi et le dossier épineux de la réforme de l’assurance chômage.

III. Next steps

Les périmètres ministériels font l’objet d’intenses négociations. Les décrets d’attribution ainsi que la composition des cabinets ministériels sont donc très attendus.

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